Pour la 2éme fois de la saison, Gilbert nous présente un membre du club « pour mieux nous connaître ». Mais je m’arrêterai là, ce membre ne souhaitant pas voir les échanges sur la toile.
Par modestie sans doute. Néanmoins son parcours est très intéressant et son palmarès éloquent.
Place à la projection : Week-end national oblige, cette séance est consacrée à 3 films de la fédération. Xavier s’est chargé de la sélection.
« Les gens d’en Haut » de Bernard Seillé. Un couple de citadins décide de changer de vie suite à une petite annonce. Ils viennent s’installer au village de St Lizier d’Ustou, dans les Pyrénées, afin de reprendre l’épicerie locale. Le reportage nous guide autour du mari et de son camion épicerie. Ses tournées quotidiennes le conduisent sur les routes escarpées de montagne, nous montrant de très beaux paysages, et de magnifiques gros plans des villageois. Le film est très agréable, sur le plan humain. Dommage, un montage un peu plus rigoureux lui aurait permis de nous emmener encore plus haut.
« Le jour où le monde s’arrêta » de Patrick Basso : Un film d’époque sur fond de la guerre 1939-1945.
Si l’on exclut un titrage un peu grossier, quelques longueurs, un ou deux faux raccords de lumière et de maquillage, l’ambiance de cette époque est bien restituée, en partie grâce à de très bons acteurs et une bonne mise en scène. Si la copie DVD reste moyenne, l’œuvre n’en est pas moins remarquable.
« Second seuil » de Loïc Nicolof. : Une fiction dans la fiction. L’auteur nous emmène dans l’au-delà. L’enfer ? Le purgatoire ? L’atmosphère particulière est recréée par une belle lumière et des cadrages recherchés. La mise en scène est parfaite, tout comme le jeu des acteurs.
Très souvent, les films des non professionnels pèchent par leur longueur, l’auteur veut conserver un maximum de ses images tournées. C’est humain.
Vous trouverez ci-dessous une réflexion de Robert Tassinari : « Plus rien à retirer » proposée par Jean-Luc Jarousseau.
« La perfection est atteinte non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer »
Cette phrase recueillie au hasard de mes lectures est d’Antoine de Saint-Exupéry, extraite de son ouvrage « Terre des hommes ».
Elle convient à la littérature mais il n’y a qu’un pas pour qu’elle trouve une justification dans bien d’autres domaines et particulièrement celui du cinéma.
En effet, combien de fois avons-nous pesté en regardant un documentaire de 52 minutes qui paraissait interminable parce que finalement la partie intéressante du film était d’environ du tiers et le reste du remplissage. C’est le drame des durées imposées par la télévision, notamment 52’ pour la plupart des documentaires.
Dans le milieu non professionnel ce type de contrainte n’existe pas et il n’y a aucune raison de faire durer un film en dehors de sa limite d’intérêt.
Le cas d’une fiction est différent car le scénario représente la synthèse de la réflexion préalable de un ou plusieurs auteurs. En principe tout est prévu et approuvé avant le tournage. Le scénario est le fil conducteur et en même temps il détermine la longueur du film. La réalisation doit être au plus près de l’écriture et si le suspens est au rendez-vous l’attention du spectateur ne se relâche pas.
Un film de réalité n’obéit pas aux mêmes règles. Le réalisateur qui revient d’un reportage dispose de nombreux rushs et avant qu’il commence le montage il doit élaborer un scénario pour déterminer son plan de montage sans être influencé par le nombre de plans mais par leur utilité.
Par expérience je sais que l’on est quelquefois tenté de conserver des plans pour des raisons purement subjectives. C’est presque toujours une erreur. Il faut éliminer tout ce qui n’est pas de premier choix ou qui n’apportent rien à l’intérêt du film, exemples :
Des belles images qui n’apportent rien au traitement du sujet mais dont l’esthétique est plaisante.
Une séquence qui n’est pas au top mais qui nous semble présenter un intérêt. Un plan mal exposé. Un mauvais raccord mouvement. Un plan légèrement flou. Un panoramique bougé. Une mauvaise stabilité des images. Un cadrage déficient. Un zoom inutile. Des actions ou des interviews qui n’apportent rien à la cohérence de l’ensemble. Un coucher de soleil à la fin du film qui manque d’originalité car déjà vu mille fois, etc … Je connais un juré qui, lorsqu’il voit un coucher de soleil à la fin du film, retire systématiquement un point.
Le montage d’un film de réalité a toutes les chances de réussir si l’on a le courage de retirer et de retirer encore mais surtout pas d’en ajouter et d’en ajouter encore.
Pour conclure, je reprends la phrase de St Exupéry en la modifiant très légèrement pour l’appliquer au domaine du cinéma : « Un film est réussi non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer».