Essai stabilisateur Zhiyun Weebill-S

Jean-Pierre SAUVAGET

Mes premières images dans les années 90, ont été tournées le long des routes pour suivre des rallyes auto, en hélicoptère ou à l’intérieur même des voitures de rallye.  Adepte des images en mouvement, j’ai depuis longtemps expérimenté les stabilisateurs.

Dès les années 1995, avec un stabilisateur de ma conception, j’avais déjà aimé tourner de longs travelling en suivant mon fils à travers la campagne (Quand on n’a pas de tête). J’ai fabriqué un autre stabilisateur ensuite un peu plus élaboré mais j’ai eu beaucoup de plaisir à tourner avec un vrai steadycam pro lors des Festifolies à St Aignan de Gd Lieu.

Plus récemment, j’ai fait des captations pour les pompiers, sur une scène de théâtre et même un mariage, avec les stabilisateurs que l’on connait aujourd’hui.

J’ai donc franchi le pas récemment pour le Weebilll’s de Zhiyun. Kit pro avec transmetteur vidéo et un contrôleur de zoom/mise au point et quelques accessoires pour 600 € environ. J’y ai associé mon reflex canon 70D, un objectif 18 /135 ou un 50 mm, un micro Rode, un moniteur Fellword 5 pouces.

Première impression : Il est tout petit, pas plus grand qu’une feuille A4

Facile à mettre dans la poche du sac à dos, pour une configuration légère avec juste l’appareil photo et le micro .

On y ajoute une poignée qui se transforme en trépied pour le poser, voire une seconde pour une prise en main plus stable. Un petit équilibrage sur 3 axes et on peut déjà profiter de sa capacité à rendre vos déplacements très fluides.

Montage : Si l’on désire profiter de plus de capacités, il va falloir décider des accessoires que l’on va ajouter autour de l’appareil photo ou de la caméra avant de procéder à l’équilibrage : micro, transmetteur vidéo et contrôleur de zoom/mise au point. Le stabilisateur peut supporter jusqu’à 3 kg environ.  Après le branchement des différents éléments entre eux, on doit l’équilibrer soigneusement pour éviter de faire travailler inutilement les trois moteurs. Je pose le micro à droite de l’appareil photo avec un support supplémentaire pour ne pas gêner les prises de vues au ras du sol.   Des blocages dans les 3 axes facilitent bien la tâche. Un sabot compatible Manfrotto permet de retirer l’appareil photo sans dérégler l’équilibrage pour une utilisation momentanée sans stabilisateur par exemple. On peut également ajouter sur le côté un moniteur, pour moi un Feelword 5 pouces pour un confort de vision, ( l’écran de l’appareil photo étant un peu petit ).

Un peu plus en détail :  Six modes de prises de vues bloquant certains axes ou rendant d’autres plus créatifs modifiables rapidement à l’aide de 2 touches même en cours de tournage .

Un joystick un peu petit permet également de panoter de droite à gauche ou de haut en bas facilement et très souplement pour faire des panoramiques très lents et réguliers.

 Une roue crantée permet d’entrer dans un menu sur un écran un peu petit lui aussi (en anglais), permettant des réglages très pointus

– Réglage de la puissance des moteurs sur les 3 axes individuellement, de leur vitesse à réagir, de leur fluidité mais aussi de la zone de mouvement avant qu’ils réagissent !

– Réglage de la molette permettant de zoomer ou de faire la mise au point sur l’objectif, sa sensibilité, sa course, son sens, son début et sa fin, la focale de l’objectif … !

Autant dire qu’il y a quelques heures à passer pour trouver les bons réglages afin d’optimiser son utilisation ; surtout qu’après quelques jours au placard et une mise à jour, le stabilisateur avait oublié tous mes réglages !

Encore plus loin : A partir de la « petite » roue crantée, vous avez accès aux paramètres de votre appareil photo s’il est compatible Canon, Sony, Nikon, Panasonic … Le 70D n’est pas dans la liste mais il fonctionne quand même sur la vitesse, l’obturation, la sensibilité. Très bien.

Mais si vous préférez, prenez votre smartphone, téléchargez l’application ZPlay et gérez ces mêmes paramètres de votre téléphone, zoom ou mise au point compris. Vous pouvez même synchroniser les mouvements de votre stabilisateur avec votre smartphone ! la transmission entre le téléphone et le stabilisateur se fait par Bluetooth et est plutôt stable.

Encore plus loin pour le transmetteur vidéo. Le petit boitier se glisse sous l’appareil photo qui est connecté à l’appareil photo ainsi qu’au stabilisateur ; cette fois-ci en Wifi. Toujours avec la même application Z Play, vous avez sur votre smartphone ,et même 2 autres autour de vous, l’image filmée ainsi que l’accès aux paramètres de l’appareil photo et du stabilisateur ! Super pour le réalisateur pour voir en direct les images que vous êtes en train de tourner ! Mais ça, c’est la théorie, dans la pratique, la liaison n’est pas très stable selon le téléphone utilisé ; Xiaomi pas terrible, un peu mieux avec Samsung. D’autres fonctions intéressantes restent à explorer mais seulement si la liaison est stable entre le stabilisateur et les smartphones.

Sur le terrain :  3,800 kg avec la configuration complète ! Pendant 2 heures, ça commence à faire lourd. La poignée basse se transformant en trépied permet de poser l’ensemble. Très pratique mais la remplacer par un monopode que l’on vient encliqueter dans  une ceinture spéciale  l’est encore plus. De plus, le monopode permet de donner beaucoup d’amplitude aux mouvements de bas en haut ou de gauche à droite. L’autonomie du stabilisateur est estimée à 12 heures, après 2h30 d’utilisation en continu, le stabilisateur « décroche » dès qu’il est sollicité un peu plus. Heureusement, les deux batteries sont amovibles et d’un modèle très courant (18650  3.7v), le temps de recharge est de 2h30 comme la durée d’utilisation. Deux jeux de batteries me semblent indispensables. D’ailleurs, c’est le même problème pour tous les éléments : appareil photo, moniteur, micro, émetteur vidéo etc…

J’ai rassemblé tous les éléments dans une valise bien rangée pour ne rien oublier lors des tournages!   

 CONCLUSION : L’utilisation de ce bel outil demande un peu d’entrainement. Il faut adopter une démarche souple, à petits pas, les bras souples pour éliminer les mouvements de haut en bas et latéraux d’une démarche normale.

Entre votre balance des blancs, votre vitesse, ouverture, mise au point, niveau de son, puis votre mode de  prise de vue du stabilisateur à choisir parmi les six, vous devez maitriser parfaitement  votre matériel pour être entièrement à votre cadrage et à la composition de votre plan qui est continuellement à recomposer !

Donc tourner, tourner et encore tourner !

POINTS FORTS :

-Peut se faire petit

-Moteurs puissants

-Nombreux paramètres personnalisables

-Batteries standard

POINTS FAIBLES :

-Manque de fiabilité en transmission vidéo

-Perte des paramètres de réglages

-Autonomie beaucoup plus faible qu’annoncée

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